Greffe rénale : six patients opérés en même temps.

Publié : 14h44 par Melissa Krantz

Crédit image: Champagne FM
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Au cours de l’année 2024, trois paires de donneurs/receveurs ont été, pour la première fois en France, opérés simultanément.

C'est une première en France, trois greffes rénales issues de donneurs vivants ont été réalisées en même temps entre les hôpitaux de Reims et Bordeaux en 2024. 
Ce premier triplet, coordonné par l'Agence de Bio-médecine, est une véritable avancée pour les patients dans l'attente d'une greffe de rein. Pour réaliser une telle prouesse, les équipes médicales se sont appuyées sur le procédé du don croisé : lorsqu’un donneur vivant (D1) est incompatible avec son proche malade (R1), le don croisé permet au donneur (D1) “d’échanger” son rein avec celui d’un autre donneur (D2) dans la même situation, mais dont le receveur (R2) est compatible avec le donneur de l’autre paire (D1) – et vice-versa. 
Jusqu'à présent, seuls les dons croisés avec deux paires de donneurs - receveurs étaient autorisés par la loi .   



Réalisée à partir d'un donneur vivant
, cette opération ne présente que des avantages pour le patient. Le rein est de meilleure qualité, car le temps entre le prélèvement et la greffe est plus court et la compatibilité sanguine et immunologique est meilleure. Le risque de rejet est réduit, la greffe fonctionne mieux et plus longtemps. 
En quelques chiffres, dix ans après la greffe, 73,6 % des greffons issus de donneurs vivants sont encore fonctionnels, contre 61,4 % pour ceux prélevés sur des donneurs décédés.

La transplantation simultanée de trois reins représente un défi organisationnel et médical, d’autant que la loi française impose que toutes les interventions soient réalisées « en même temps », dans un délai de 24h.
Un challenge relevé avec brio par les équipes médicales de Reims et de Bordeaux.  " Il y a un transporteur qui amène le rein , par exemple, de Reims à l'aéroport de Vatry, un avion qui emmène le rein de l'aéroport de Vatry à l'aéroport de Bordeaux. Et l'autre rein fait le trajet inverse. C'est une course contre la montre, avec plusieurs modalités de transport, et donc une coordination très fine pour adapter aussi les transports à l'heure à laquelle les greffons sont prêts." explique le professeur Vincent Vuiblet, néphrologue au CHU de Reims.

Cette prouesse médicale résulte de plusieurs mois de préparation orchestrés par l'Agence de biomédecine. Celle-ci a notamment utilisé des algorithmes mathématiques, pour analyser la compatibilité entre les donneurs et les receveurs inscrits. Une fois la compatibilité établie, l'Agence coordonne la mise en relation des équipes médicales en charge des patients concernés.
Un second triplet est en cours d'organisation, il aura lieu d'ici la fin d'année