Vaccination : "nos résidents sont majoritairement favorables, mais pas les salariés"
Publié : 23 décembre 2020 à 21h00 par Emmanuel POLI
A l'Ehpad du Bord de Vesle à Cormontreuil près de Reims, on attend le lancement de la campagne de vaccination avec sérénité
Le ministre de la Santé, Olivier Véran a confirmé que la première vague de vaccination contre le Covid-19 débutera ce dimanche 27 décembre.
Elle concernera, dans un premier temps, deux ou trois établissements pour personnes âgées.
A l’Ehpad du Bord de Vesle à Cormontreuil près de Reims, on attend le lancement de cette campagne, avec sérénité, comme n’importe quelle autre opération de vaccination.
« On est simplement dans du soin. Je prends ça très au sérieux mais je n’en fais pas plus qu’il est nécessaire d’en faire pour un traitement », souligne Laurence Sartor, la directrice de l’établissement.
« On a remonté les informations à la pharmacie avec laquelle nous avons un partenariat et c’est le pharmacien qui est en relation directe avec l’autorité compétente pour obtenir le nombre de doses nécessaires ».
Oui pour les résidents, non pour les salariés
Dès les premiers contacts avec l’ARS (Agence Régionale de Santé), Laurence Sartor a interrogé les résidents ou leur référent sur leur volonté.
Ils souhaitent très majoritairement être vaccinés.
La directrice pense que ce choix est, en partie, guidé par le souvenir de la première vague épidémique (voir plus loin).
«La résidence a été très touchée au printemps dernier. Pour eux, ça va être un soulagement. D’autant que l’on ferme souvent les portes de l’établissement ou des chambres, en fonction de l’évolution de la situation sanitaire. Ce vaccin pour beaucoup de familles, c’est la solution pour réintégrer la résidence, revenir à une vie plus normale. C’est très difficile toutes ces contraintes ».
A l’inverse des résidents, les personnels de l’établissement ont presque tous, refusé d’être vaccinés.
« Ça ne m’étonne pas, parce qu’il faut un temps de réflexion plus conséquent », selon Laurence Sartor, « ce sont des personnes, qui sont jeunes pour la plupart et qui ont peut-être plus de doute par rapport au vaccin ».
Evidemment, chacun est libre de son choix, d’ailleurs la directrice a rendu le questionnaire anonyme.
« Je veux éviter toute polémique et tout sujet politique dans l’établissement sur un sujet aussi sérieux. Je me garde bien de donner un avis personnel sur ce vaccin ».
Elle précise d’ailleurs que la proportion est presque la même que pour le vaccin contre la grippe.
« C’était vraiment la guerre ! »
L’Ehpad du Bord de Vesle a été très durement touché pendant la première vague épidémique.
Arrivée le 15 janvier, Laurence Sartor a dû faire face à une situation inédite, marquée par la maladie, la souffrance et la mort de plusieurs résidents.
Très éprouvée, elle a décidé de quitter l’établissement le 15 janvier prochain.
« J’ai fait le taf pendant un an, il faut passer à autre chose. Ça a été tellement difficile, tellement douloureux ! Quand Emmanuel Macron a parlé de guerre, moi en tant que directrice, je l’ai vraiment vécue comme ça, c’était vraiment la guerre ».
La directrice ne parvient même pas à se rappeler comment elle est parvenue à gérer une telle situation : « On était dans des tranchées. On ne se pose pas de question, on ne se retourne pas, on avance, on court, on fonce ».
Et ses équipes sont aussi très marquées.
« Là je viens de finir quasiment tous les entretiens individuels avant de partir. Tous les salariés ont commencé leur dossier en parlant de leur peine et des morts. Ce sont des blessures de guerre, franchement ! ».