Atteinte d'une forme grave du Covid, elle sort de réanimation au bout de 76 jours
28 juin 2021 à 11h20 par Emmanuel POLI
Cette patiente de 70 ans n'en a pas terminé avec son marathon médical
Derrière leurs masques, on devine leurs sourires.
Sur une photo publiée par le centre hospitalier de Troyes, on voit cinq soignantes, les pouces levés.
Au premier plan, une patiente tout sourire, fait un V avec ses doigts en signe de victoire.
Il faut dire que cette femme de 70 ans revient de loin.
Elle vient de sortir de 76 jours de réanimation, après avoir contracté une forme grave du Covid-19.
C’est nettement plus que la moyenne, même si le virus a entraîné des séjours très prolongés.
« Il n’est pas rare d’avoir des hospitalisations d’un mois, un mois et ½ », précise le docteur Georges Simon, chef du service réanimation de l’hôpital de Troyes.
« On croit souvent, à tort, que le Covid n’atteint que les poumons mais c’est faux. D’autres organes sont également touchés ».
Son combat n'est pas terminé
Sortie de réanimation, cette patiente n’a pas terminé pour autant sa trajectoire médicale car elle va partir sur des semaines, voire des mois de rééducation.
Le fait d’avoir été anesthésiée voire mise dans le coma pour supporter la ventilation, a entraîné des altérations physiologiques qu’elle devra récupérer.
"Imaginez devoir mettre sur le ventre un patient anesthésié, qui pèse jusqu’à 150 kilos..."
Le docteur Simon rend hommage à ses équipes.
Certains personnels sont épuisés physiquement.
Les patients Covid sont souvent en surcharge corporelle, ce qui complique les manipulations importantes et fréquentes dans la journée.
« Imaginez devoir mettre sur le ventre un patient anesthésié sous machine, qui pèse 80, 90, 110… on a eu jusqu’à 150 kilos. Imaginez le travail que ça demande de le retourner plusieurs fois dans la journée, tout ça pour améliorer la ventilation du poumon ».
Mais la fatigue est également psychologique, notamment en raison de la mortalité très importante.
« Il y a la souffrance des malades, la répétition des deuils de patients auxquels on s’était attachés et puis la douleur des familles à accompagner. Il y a certes la passion du métier qui fait que l’on reprend le dessus, mais on est sur un marathon qui n’en peut plus de durer ».
D’autant que cette course d’endurance va encore se prolonger.
Même s’il ne reste plus que trois patients Covid en réanimation au CH de Troyes, l’activité ne va pas diminuer.
Tous ceux qui ont attendu pour se faire soigner ou qui ont reporté une intervention reviennent progressivement.
La peur d'une quatrième vague
A ceux qui pensent que le combat contre le virus est gagné, le docteur Simon lance un message d’alerte.
« On a très peur d’une quatrième vague. A la fin août, 80% des cas de Covid seront dus au virus indien qui est plus contaminant. Il faut inciter la population à se faire vacciner. Le fait d’être vacciné est protecteur pour soi comme pour les autres. Nous n’avons eu aucun patient en réanimation, qui avait eu ses deux injections de vaccin ».
Le médecin met en garde : « plus le virus circule, plus il risque de muter et d’échapper à la vaccination ».