"Un crime de l'exaspération"

11 décembre 2022 à 20h28 par Emmanuel P.

Un octogénaire a été mis en examen pour le meurtre d'un jeune homme de 21 ans. L'auteur du coup de feu affirme que le groupe auquel appartenait la victime, lui gâchait la vie quotidiennement

On connaît le déroulement des faits qui ont conduit à la mort d’un jeune homme de 21 ans, le vendredi 9 décembre, peu après 20h30, à Charleville Mézières.


Le commissariat de police est avisé d’un coup de feu, tiré rue des Chardonnerets, dans le quartier de la Ronde Couture.


Sur place, les policiers découvrent un jeune homme en urgence absolue.


Prise en charge par les pompiers et le SAMU, la victime décède peu après 22h.


Une foule hostile et enragée


Les cinq fonctionnaires de police constatent la présence d’une foule particulièrement hostile de 30 à 50 personnes, une foule qualifiée d’enragée par le procès-verbal de police.


Les individus veulent s’en prendre au tireur présumé, prête à le lyncher toujours selon les termes des policiers.


Ces derniers forcent la porte de l’appartement désigné, pour se retrouver face à un homme âgé qui les tient en joue avec une carabine.


Après trois sommations, l’individu consent finalement à baisser son arme et à se laisser appréhender.


C’est à ce moment que la foule virulente commence à briser les fenêtres et à pénétrer dans l’appartement.


Les policiers sont contraints de faire usage de gaz lacrymogène pour ralentir la progression de la foule et permettre l’évacuation du mis en cause.


L'auteur du coup de feu se sentait en danger


Lors de sa garde à vue, l’octogénaire reconnait immédiatement les faits.


Il explique avoir été verbalement pris à partie par un groupe de jeunes qui l’empêchait de passer, et l’avait insulté, alors qu’il tentait de rentrer chez lui.


Il précisait que ces situations étaient très fréquentes, que ces jeunes fumaient, s’alcoolisaient, et dérangeaient de manière incessante le voisinage.


L’octogénaire indiquait aux enquêteurs que cette présence et le comportement de ce groupe était anxiogène et qu’il se sentait en danger.


Il affirme également en avoir fait régulièrement part aux forces de l’ordre et auprès du bailleur social, sans que les choses n’évoluent.


Rentré chez lui, il aurait alors pris une arme qu’il détenait depuis plus de 25 ans sans autorisation, avant de ressortir dans le hall où se trouvait toujours le groupe.


Si la plupart des jeunes avaient fui, la victime aurait continué à l’insulter et lui aurait craché dessus, selon ses dires.


Il aurait alors fait feu à une reprise, à bout portant, ce qu’a confirmé l’autopsie.


Mis en examen pour meurtre, détention illicite d’arme, et violences avec arme sur personne dépositaires de l’autorité publique, il encourt 30 ans de réclusion criminelle.


Le procureur de la République de Reims, qui parle d’un « crime par exaspération », a demandé le placement en détention provisoire du mis en cause notamment pour le protéger contre d’éventuelles représailles.


Son logement a d’ailleurs été entièrement saccagé, après le départ de la police.